Nous avons finalisé l'achat de plants la semaine dernière. A vrai dire les dernières commandes sont arrivées le vendredi soir, pour un départ à Morogoro le samedi matin !
Chaque commande était remplie en deux exemplaires : l'espèce d'arbres demandée, le nombre et le prix à payer. En bas de ce bon la somme à régler et en haut le nom, le numéro de téléphone et la location des arbres plantés.
Doto Kizimbu, qui plantera dans le quartier de King'wenyu , a commandé dix manguiers à mangue sanguine (embe damu, soit la variété Red Indian) et deux mandariniers. Il doit s'acquitter de 14 250 Tsh, soit la moitié de la somme que nous débourserons lors de l'achat. Les deux exemplaires sont signés par les deux parties et frappés d'un tampon. Un exemplaire reste avec nous pour le décompte final.
Nous avons été contactés par un agriculteur qui voulait commander deux cents avocatiers. Un autre qui voulait cent manguiers et cent mandariniers. Nous avons dû décliner ces offres, arguant qu'il s'agissait d'une aide pour les gens du village et non d'un projet d'aide à un investissement dans une ferme de production.
Les commandes ont principalement concerné les manguiers sanguins, une grosse mangue au goût excellent et qui se conserve quelques jours. D'autres mangues en effet, comme la variété Boribo se tannent très vite et la chair fermente rapidement. Elle donne l'impression que le consommateur n'a qu'un créneau de quelques heures pour la manger. D'autres variétés comme les Kent et les Tom Atkins sont des variétés tardives mais nous n'en avons que peu commandé, seulement pour nos essais à Shuleni Juu (700 m d'altitude). A Chole, soit 800 m d'altitude, les manguiers Kent commencent à produire, de grosses mangues qui pendent au bout de longues tiges.
La mangue sanguine, embe damu, Variété Red Indian et la mangue Kent
C'est la variété Dodo qui était autrefois la plus en vogue mais il semble qu'elle ait perdu de son prestige. Les belles couleurs de la mangue sanguine y sont aussi pour quelque chose.
Nos commandes précédentes à Morogoro s'étaient passées dans un lieu-dit appelé Maji Kilabu, de l'autre côté de la route vers Mikumi, soit côté Nord, par rapport à l'Université. Cette fois nous sommes allés à l'Université même, ce qui nous a révélé une surface impressionnante de culture. C'est une source de revenu pour le fonctionnement de l'université.
La pépinière de l'Université et un pommier dans son sachet en polyuréthane
Quatre sacs ont pu transporter les 308 plants
La variété d'orange la plus connue dans le monde est la Valencia, une orange de taille moyenne, juteuse et goûteuse et comportant quelques pépins. Les variétés greffées, locales, sont les variétés Sweet Matombo et Binti Juma (Fille de Juma). Matombo est un village du versant sud des Monts Uluguru, ces montagnes qui dominent Morogoro et qui ont donné leur nom à la ville. C'est cette variété Sweet Matombo qui est cultivée à la pépinière, de taille légèrement plus grosse que la Valencia et comportant moins de pépins.
Il faut du froid pour que les oranges prennent cette couleur éponyme. Les oranges d'ici restent donc jaunes, ou même vertes à maturité.
Le triporteur que nous avions commandé à Kilosa est arrivé à temps, nous avons donc fait le chargement. Un peu plus de trois cents arbres donc, répartis dans des sacs de 70 plants environ. Nous avons eu cinq manguiers sanguins en cadeau, une bonne chose car plusieurs manguiers se sont cassés pendant le trajet, au niveau de la greffe.
Les noyaux des mangues "locales", ces petites mangues fibreuses, de la variété sindano noire sont plantés dans des sachets en polyuréthane. Lorsque la plante atteint 30 à 40 cm ils sont greffés, une greffe en biseau (rosiers et agrumes sont greffés en oeillet). La partie greffée est enrobée d'une étroite bande de plastique qu'il faut retirer après que le plant s'est adapté au sol. "Après qu'il a guéri", dit-on en swahili.
Arrivé à Chabima chez Kimsi j'ai envoyé un SMS à tous les commanditaires pour qu'ils viennent récupérer leurs plants. Beaucoup l'ont fait le lendemain, soit le jour de Noël dans l'après-midi. L'un d'eux cependant m'avait immédiatement joint pour me dire qu'il était à l'hôpital, terrassé par une crise de palu.
Ces jours-ci quelques coups de fil pour me demander à quelle profondeur planter (deux pieds) et à quelle distance (8 mètres ou huit pas). Une précision quant au sachet dans lequel sont livrés les plants, qu'il faut retirer. Et une requête à laquelle Kimsi et moi nous attendions depuis le début :
- Dis donc, il y en a qui ont vu les arbres, ils sont intéressés ... Vous comptez refaire une commande ?