Des feux et des hyènes
Septembre 2024

En cette mi-septembre deux événements viennent en tête des nouvelles que l'on s'échange au village : Les feux et les hyènes

Les feux de brousse

D'aucuns estiment que c'est une des plaies de l'Afrique, mais c'est une tradition bien ancrée.

Les raisons sont variées, elles peuvent en fait être bénéfiques pour la végétation comme on va le voir.

puce verteLes parcs nationaux, comme celui proche de Kilosa, appelé parc de Mikumi, brûlent les herbes en début de saison sèche pour qu'ensuite les touristes puissent voir de loin les animaux. Cela permet aussi d'empêcher les zones touffues en forêt, que ce soient des forêts galeries ou des savanes boisées. Les feux sont bien évidemment contrôlés, chaque aire étant brûlée l'une après l'autre. Cela permet aux plantes de repousser, les petites touffes d'herbe étant alors prisées de herbivores.

puce verteSelon les études australiennes les arbres sont tellement habitués au feu qu'ils doivent subir une exposition aux flammes pour vivre. Dans certains cas même les graines doivent être exposées à une chaleur intense pour pouvoir germer en début de saison des pluies.

puce verteLes talus sont incendiés pour nettoyer le chemin, tout comme les champs afin de pouvoir préparer le terrain pour la prochaine saison. Il s'agit de culture sur brûlis même si à l'origine la culture sur brûlis consiste en un débroussaillage par le feu puis une longue jachère après la récolte. La culture sur brûlis est associée à l'agriculture itinérante, avec défrichage ou débroussaillage d'une parcelle de forêt.

L'écobuage consiste en l'arrachage des racines avec des mottes de terre (en gaulois gobbo la motte de terre, en poitevin gobuis) puis à les brûler. Les cendres sont alors répandues sur le sol.

Le problème est la dispersion des éléments nutritifs en fumée, pouvant atterrir à plusieurs centaines voire milliers de kilomètres de là. L'autre incidence est la destruction des vers de terre et des champignons mycorhiziens qui aident à la croissance des plantes, en particulier dans la fixation d'azote (source Wikipedia).

La zone étant humide et fertile il y a peu de jachère. Elle est même de plus en plus réduite vu l'accroissement de la population, certaines parcelles étant maintenant cultivées tous les ans. L'abondance de la végétation adventice rend attrayante cette technique de brûlage afin de pouvoir labourer plus facilement. Certains remédient à la disparition de la jachère en utilisant des engrais chimiques.

puce verteLes flancs de montagne sont mis à feu pour la chasse. Non pas pour se poster en amont des flammes et tirer sur tout ce qui bouge, mais pour nettoyer la zone et ensuite chasser avec les chiens lorsque les herbes auront légèrement repoussé. Il s'agit des ces incendies à flanc de colline ou sous le couvert des forêts.

puce verteBouter le feu, un jeu d'enfant

Ponsiani a donc nettoyé une parcelle se trouvant de l'autre côté de la rivière, ce petit cours d'eau appelé Chole. Il s'agissait d'un feu contrôlé sur une petite surface, et la largeur du cours d'eau devait empêcher toute propagation outre rive. Mais l'un des enfants, âgé de six ans, a cru bon de mettre le feu du côté du hameau. Il y avait un petit vent, tournant, qui a permis au feu de se propager rapidement jusqu'aux maisons. Il est monté à flanc de colline et nous avons dû le circonscrire en mouillant le sentier qui permet de monter au sommet, ce sentier étant alors devenu un coupe-feu. Le tuyau a permis d'approcher la source d'eau près du hameau, pour remplir seaux et arrosoirs.

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Au fond à gauche, la source du feu, de l'autre côté de la rivière.                Le feu est arrivé au bord des maisons et a ravagé la colline

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Le feu grimpe sur la colline                                    Luka, en T-shirt jaune, arrose les abords du feu


J'ai demandé si l'enfant allait être frappé :

- Non c'est interdit. On va le frapper avec des mots, seulement. Un enfant qui est frappé n'apprend pas.


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Au bord de la route, à King'wenyu.

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Un champ cultivé sur brûlis après abattage des arbres en haut de Jumbebibi, avant le col débouchant sur la vallée de Chole.

Là où y a de la hyène ...

La semaine dernière les troupeaux de vaches des Masaï ont été attaqués par les hyènes. Cela se passait du côté de Ndete, le quartier de Chabima proche de la rivière Nudkwi qui borde la réserve de forêt sur la route qui conduit à Kilosa.

Six vaches ont été massacrées, la viande revendue le lendemain au village pour un prix dérisoire. Cela représente Tsh 600 000 soit 200 euros par tête, une belle perte quand même. Personne au village ne semble attristé, les Masaï envahissant les terres du village de façon illégale. La zone est une aire agricole, ils n'ont pas le droit d'y faire paître leurs bêtes.

Jeudi dernier j'ai rencontré deux troupeaux sur la route, au niveau de King'wenyu, soit peu avant le village. Faisant remarquer aux bergers qu'ils n'avaient pas le droit d'être sur ces terres, ils ont argué qu'ils avaient maintenant implanté des campements ici et là, et qu'ils étaient donc chez eux.

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Masai à King'wenyu, faisant paître sans vergogne leurs troupeaux en territoire agricole

Le problème est l'inaction des dirigeants du village, et une conversation sur les Masaï ne peut se terminer avant de conclure que les autorités reçoivent des pots-de-vin de la part des pasteurs.
Avant-hier encore une autre vache a été attaquée par une hyène. Ces prédateurs ne représentent pas de menace pour les hommes tant qu'elles peuvent trouver des proies de ce genre. Elle suivent en fait les troupeaux.