Nouvelles de la mi-mars 2025

Les pluies

C'est un grand sujet de conversation d'autant que pour beaucoup en Tanzanie il s'agit d'acquérir de la nourriture pour toute l'année. La saison qui précède la récolte, dite période de soudure, est la plus difficile car il n'y a plus rien à manger et la récolte n'est pas encore faite. C'est le moment où se mange le maïs grillé sur le charbon, ayant attrapé des épis ça et là.

Les pluies ayant été rares les tiges de maïs sont restées maigres et il est à craindre une famine, même légère. Le village de Chabima, cependant, a connu davantage de pluies que dans la plaine et devrait s'en tirer. Depuis le début du mois il est tombé 200 millimètres de pluie à peu près, ce qui a incité les agriculteurs à récolter et à préparer les champs pour le haricot. De notre côté nous avons agrandi le champ d'essai de Chole juu, et planté des manguiers bien sûr, mais aussi des pêchers, des pommiers, des poiriers, du raisin, un macadamier, des grenadiers, des anacardiers (qui donnent la noix de cajou), des avocatiers, des palmiers à huile, des cocotiers, un arbre à pain, des mûriers, des orangers, des citronniers, des mandariniers. Ces jours-ci nous y ajouterons deux figuiers et quatre plants de raisin de variété semblable au Red Globe. Nous avons aussi acheté deux plants d'orangers Pixie, qui sont supposés être comme une variété de pays tempéré, orange vif.

Chaque plant a été paillé et des melons et des pastèques ont été plantés comme plante de couverture, qui retient l'humidité.

La route allant à Chabima

Le pont sur la Chabima

Ainsi que nous l'avions prévu. le pont a été emporté. Il ne reste qu'une planche, nous devons faire le détour plus en amont, par l'ancien gué, où quatre planches ont été installées. Il semble que la construction du pont, en accord avec tous les utilisateurs de ce pont, ne soit pas encore d'actualité.

Mlolwa

Malgré une tentative de canaliser l'eau en amont du pont début février, l'eau a affouillé l'abord du tablier.

Pont sur la MlolwaPont sur la MlolwaPont sur la MlolwaPont sur la Mlolwa

Ce dimanche 23 mars nous nous sommes réunis à trois pour faire les travaux. Quelques passants se sont joints à nous, sauf ceux de l’Église Mkolole qui interdit à ses adeptes de travailler le dimanche.

- Ton dieu t'interdit donc d'aider les gens ?

- Oui, m'a répondu l'homme sans réfléchir.

Nous avons donc nettoyé les abords des herbes et des sortes de roseaux et avons aplani l'ensemble. Nous avons alors creusé deux petits canaux de drainage pour que l'eau soit emportée sur les côtés et non sur l'ouvrage du pont.

Pont sur la MlolwaPont sur la MlolwaPont sur la MlolwaPont sur la MlolwaPont sur la Mlolwa



L'eau s'écoulant depuis le sentier menant à la colline (qui se trouve dans le dos du photographe) la route a été creusée d'un canal qui empêche l'eau de suivre la route.




La route commence à être nettoyée, en particulier au niveau de Mlolwa. Un responsable de quartier a rassemblé des volontaires pour nettoyer l'ensemble.



Jumbebibi

De mon côté je me suis mis à la réfection de la route dans la partie est de Jumbebibi, celle qui atteint le col de Chole. Armé d'une houe, d'une pioche et d'une pelle je me suis attelé à combler la rigole creusé par le ravinement et aplanir la chaussée. A chaque fois des passants se sont joints à moi ce qui fait que le travail est presque terminé.

Route à JumbebibiPont sur la MlolwaPont sur la MlolwaPont sur la MlolwaLa route à JumbebibiLa route à JumbebibiLa route à JumbebibiLa route à JumbebibiLa route à JumbebibiL'eau de pluie ravine le milieu de la route. Cela oblige à creuser le flanc, combler le centre et creuser un chenal d'écoulement sur le côté nord, vers le contrebas.


















Puits et citernes

Le curage du puits

Le puits étant embourbé nous avons dû le curer. J'avais voulu le faire l'an dernier en voyant qu'il ne donnait pas assez d'eau mais les puisatiers venus de Dumila ont déclaré qu'il fallait en creuser un nouveau juste à côté. "A quelle profondeur", ai-je demandé. - "Huit mètres". Soit la profondeur du puits déjà en place. J'avais décliné l'offre, je ne voyais pas pourquoi en ce cas ils n'avaient pas suggéré d'augmenter la profondeur. Huit mètres est la profondeur standard, en fait. Ces temps-ci la pompe était juste sous la surface, et au bout de cinq minutes de pompage elle était à fleur d'eau, tournant à vide.

Le puits avait été si mal fait qu'il était impossible de se glisser dans la trappe prévue pour l'entretien. L'échelle en bois ne passait pas, non plus que le petit seau, un seau de quinze litres. Nous avons donc démoli le coffrage, mais sans abîmer la margelle. Les puisatiers ont nettoyé le fond, sortant un impressionnant tas de boue et de briques tombées de la paroi. Eux n'étaient là que pour le curage, et le maçon a décidé de revenir le lendemain pour réparer les parois et refaire le coffrage. Mais il a plu pendant la nuit, une forte pluie, ce qui a remis les travaux à un autre jour. A ce jour le niveau de l'eau a un peu baissé mais pas suffisamment pour accéder au niveau de la paroi endommagée. Nous avons donc couvert d'une bâche afin d'éviter la poussière et la chute de petits animaux au fond.

Curage du puitsCurage du puits Le tuyau d'évacuation a été dévié vers l'extérieur (à droite sur la photo) en attendant que le plus possible d'eau soit pompé.
















Au centre du puits  le "bouchon" carré ridiculement étroit. Curage du puitsCurage du puits

Curage du puits


























Un impressionnant tas de boue et de briques déchaussées a été remonté.





Les citernes

Cette fois c'est la grande citerne, reliée à une gouttière, une citerne de deux mille litres qui a menacé de tomber de côté. Nous avons donc refait le soubassement, en cercle cette fois, ainsi que le soubassement de la citerne du magasin.

citerne citerneciterne



La citerne a également été nettoyée. Avant de la remettre en place nous avons attendu deux jours que le soubassement soit sec. La gouttière, à gauche, sera vite remise en place.





Un coup de feu dans la forêt

Nous étions en train de faire une pause, sur ma terrasse, prenant le thé avec des biscuits faits maison comme à l'accoutumée. Mikaeli était arrivé juste avant Kimsi et avait demandé le matériel de réparation de vélo, ayant eu une crevaison à l'arrière. Il était entre onze heures et midi, le soleil était déjà chaud. Mikaeli était parti vers le magasin où il avait laissé son vélo, avec la pompe, et une fois le thé prêt nous l'avons appelé. Il est arrivé, s'est assis et nous avons immédiatement entendu une détonation, provenant de la forêt nous a-t-il semblé, au loin derrière le magasin. Nous nous sommes tous trois interrogés sur l'origine de cette détonation, trouvant peu probable que quelqu'un se soit mis à chasser aussi près d'une habitation et à cette heure de la journée. Puis tout à coup Kimsi a lancé qu'il s'agissait du vélo de Mikaeli, que le pneu avant avait éclaté. Mikaeli a été surpris mais j'ai aussi tôt renchéri en me retenant de rire, et Mikaeli est parti en courant voir les dégâts sur son vélo. Il est revenu en annonçant qu'il n'y avait pas eu d'explosion, que son vélo n'y était pour rien. Quelques minutes après lui est arrivé Ponsiani avec son poing serré. Il a montré ce qu'il tenait, des débris de batterie : il avait directement branché sa batterie de téléphone sur son panneau solaire ce qui l'avait fait exploser. Tout en riant à nous en tenir les côtes nous l'avons bien sûr invité à partager le thé avec nous.

Une branche ombrageuse

En milieu d'après-midi j'ai été appelé par Anza, qui travaillait alors avec Kimsi dans leur champ de Ifuru. Kimsi se tordait de douleur, il devait aller à l'hôpital. Il était en fait monté dans un manguier et avait voulu couper, à la machette, une branche maîtresse qui s'élançait de façon relativement verticale. La branche lui est tombée sur le buste, l'écrasant. Il a réussi à la dégager mais elle lui est alors tombée sur la cuisse. Comme nous avons prévenu Luka son père également et nous y sommes allés ensemble en moto, comptant prendre la seconde moto aussi. Nous devions les rejoindre en haut de Mlolwa, mais arrivés là-bas Anza nous a téléphoné de monter directement chez Kimsi. Il l'avait transporté sur son dos jusque là, Kimsi gémissant et geignant tout le long du trajet - je l'avais entendu au téléphone lorsqu'ils étaient encore à Ifuru.

Là nous l'avons changé, car il était en tenue de travail plutôt crasseuse, ce qui a pris du temps car il souffrait vraiment. Lorsque nous l'avons redressé assis, j'ai entendu un craquement, un os sans doute. C'était vraiment mauvais signe.

Nous l'avons donc porté en moto. Au dispensaire cependant l'infirmière lui a fait une piqûre de diclofénac, un antihistaminique non stéroïdien, afin d'atténuer la douleur pendant le trajet qui nous a pris une heure, conduisant très lentement. Une fois à l'hôpital, il a été enregistré puis examiné. La radio n'a révélé aucune fracture. Cela s'est passé il y a une dizaine de jours, il n'a plus mal si ce n'est à l'épaule. Comme c'est le moment de récolter le maïs et de planter le haricot, cela tombe assez mal. Nous étions revenus à Chole vers dix heures du soir.

IfuruIfuru

Ifuru

Ifuru est une petite vallée que Kimsi loue depuis l'an dernier. Plusieurs fois des bœufs y étaient passés, abîmant le sol ou les récoltes. C'est aussi une vallée visitée par les babouins, il faut donc à la saison surveiller le champ contre leurs intrusions.

C'est là que Kimsi a voulu couper la branche d'un manguier.

Il y a planté du riz et du maïs, le tout semblant avoir bien donné, selon lui. Le riz est cultivé en mode pluvial, non irrigué donc, ce qui donne un meilleur goût. Il n'a pour l'instant pas encore fleuri.

Ifuru Ifuru

La partie amont du champ de Ifuru, qui fait deux hectares à peu près. La partie "en creux" (le talweg) a été plantée en riz pluvial.

Ifuru Ifuru

Le maïs est en train d'être récolté.

Ifuru






Kimsi à côté d'un tas de maïs. Le maïs est transporté à la maison où il est égrené puis mis en sac.