Les élections municipales se sont déroulées le mois dernier. L'élection du maire provoque la révocation du conseil municipal, ce qui est logique. Mais le maire, encore en poste, en a profité pour conclure un marché avec un commerçant de Tanga, qui a demandé une autorisation pour couper des planches de beau bois en forêt.
Il est en effet possible de couper des arbres afin d'en faire des planches, dans la réserve forestière, à condition d'en avoir l'autorisation par les autorités du village : maire, policière municipale, ou garde-champêtre. D'ordinaire la permission comporte le nombre de planches, 25, 50 maximum. Cela permet au village de se procurer du bois et à limiter la consommation. L'autorisation dure deux jours afin de ne pas tronçonner pendant une semaine d'affilée. Si c'est un habitant qui demande des planches, le prix de revient est de 5 000 l'unité. Si c'est une personne de l'extérieur, le prix est de 8 000 l'unité.
Les planches ont été rassemblées en haut du col entre Chole et Jumbebibi.
Si j'ai été impliqué dans l'affaire c'est que tout d'abord Luka, outré, est venu m'en parler, annonçant que le conseil municipal, dont il faisait partie, n'en avait eu aucune information. Et que l'affaire semblait avoir été conclue en douce, selon lui, par le maire et la policière municipale.
D'un autre côté le commanditaire m'a appelé pour me demander l'autorisation d'emprunter "ma" route. En particulier, évidemment, l'autorisation de faire passer un tracteur et sa remorque sur les ponts et les buses. J'ai accepté - il m'était difficile de refuser, car ce n'est pas vraiment ma route, mais je lui ai demandé un document comme quoi il s'engageait à réparer tout dommage sur les ouvrages ou la chaussée. Cela ne l'engageait en rien, selon l'habitude ici il aurait disparu sans rien réparer. Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent, après tout. Déjà il y a deux ans un autre camion était venu chercher des planches, avait abîmé une buse, promis de réparer et l'on n'avait jamais plus entendu parler de lui.
Ce pont, je le rappelle, avait été construit par la société qui a installé l'antenne de communication sur le Mont Ikamba. Déjà détruit trois fois, la derrière mouture présentait trois planches avec deux madriers comme garde-fous. Le commanditaire des planches, sans doute avec l'accord du propriétaire du tracteur, a fait tailler deux troncs et les a mis en travers de la rivière, avec des planches en travers. Selon Kimsi, l'un des troncs avait été récupéré quelque part et était pourri, c'est pourquoi tout s'est effondré sous le poids du tracteur et de sa remorque.
Lors de mes tractations avec le commanditaire nous avions estimé le poids de la charge à faire passer, sachant que le pont sur la Mlolwa pouvait supporter trois tonnes, selon le maçon maître d’œuvre. Nous étions d'accord sur le poids d'une tonne trois cents pour le véhicule, mais je parlais de 80 planches par tonne, selon l'avis d'un menuisier puisque le bois n'était pas encore sec; et lui prétendait que les planches avaient séché en un mois, qu'il pouvait donc calculer 200 planches par trajet . Nous sommes tombés d'accord entre les deux, soit 150 planches par trajet.
Le tracteur a défoncé le pont, avant même d'avoir pu transporter une seule planche.
Au matin un autre tracteur est venu le tirer de là. Il a annoncé qu'il en avait pour au moins un million et demi de réparation, et a juré, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendrait plus.
Le conducteur du nouveau tracteur a alors annoncé qu'il passerait en amont sur la Chabima. Sur la Mlolwa il a préféré passer à côté du pont, à gué dans la rivière, à côté de l'ancien radier. Je n'ai vu aucun dommage nulle part et les roues du tracteur et de la remorque ont en fait bien affermi la route, ce qui empêchera les agriculteurs de grignoter sur le tracé.
Le tracteur est passé en contrebas, aménageant un gué avec quelques planches.
Le
propriétaire avait fait venir un camion pour transporter ces mille
planches, ce qui laisse présager un bénéfice confortable à la revente. Il
m'a appelé par la suite pour me remercier, ce que j'ai trouvé élégant.
Le pont sur la Chabima est resté tel quel. Deux planches permettent maintenant de passer, au pas pour les motos.
Le chef de secteur de la zone était d'accord depuis longtemps, avant même son élection, pour réunir les villageois, avec le maire ou non et commencer à construire le pont. J'avais proposé, il y a quelques mois, de faire réunir les matériaux, pierre, sable et gravier et de financer le ciment et les fers à béton. Mais le maire avait refusé, "Les villageois n'accepteront jamais. Le sable et le gravier à la rigueur, mais pas les pierres". Ce chef de secteur, beaucoup plus dynamique, avait cependant trouvé que c'était possible. A la suite de l'épisode des planches je l'ai à nouveau contacté pour lui indiquer que le village, grâce à ces planches, avait gagné plus de huit millions de shillings. Selon l'estimation du maçon, le pont coûterait 4 millions, si l'on achetait pierre, gravier et sable. Sinon un peu moins de 2 millions 2, ne comptant que le ciment, les fers, la façon et la main d’œuvre. Le chef de secteur a promis d'en parler à la prochaine réunion du conseil municipal, fin décembre. Quant à moi puisque le village a de l'argent je n'ai plus de raison de financer ce pont.
Avec les pluies viennent les champignons. En ce début des
pluies, ce sont des lactaires, comme Lactarius edulis. Il est
aussi connu sous le nom de Lactifluus edulis, de la famille des
Russules.
Viendront plus tard les chanterelles, de couleur orangée, plus parfumées à
mon goût. Les champignons sont très appréciés, mais on les voit rarement
sur les marchés, ils sont plutôt consommés dès le retour des champs. Ces
lactaires peuvent avoir jusqu'à 30 centimètres de diamètre.
On trouve bien sûr des champignons non comestibles, certains sont laxatifs, sans réel danger d'empoisonnement. On peut noter que certains champignons sont réputés comestibles dans une région et non comestibles dans une autre.