Tengeru se trouve ans le Nord, sur la route qui conduit de Arusha à Moshi. Cette route longe le Mont Meru, qui surplombe Arusha et finit au pied du Kilimandjaro, qui lui domine Moshi.
Arusha et le Mont Meru
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C'est une région plutôt riche, assez développée grâce à son agriculture d'abord, avec le café produit en grande quantité. La région étant en altitude c'est la variété Arabica qui y est cultivée. Dans les années 70 le prix du café était tel que les agriculteurs entre les deux montagnes ont eux-mêmes, à leurs frais, goudronné la route qui monte vers le Nord entre les deux villes.
L'autre raison de la richesse de ces villes est le tourisme. A Moshi pour le départ vers le Kilimandjaro, tellement couru qu'il faut réserver à l'avance. Et Arusha est le départ vers de nombreux parcs : le cratère de Ngorongoro, le parc du Serengeti, le lac Manyara et ses milliers d'oiseaux, ou des parcs moins courus comme le parc de Tarangire. En descendant vers Babati on peut visiter des parois rocheuses avec des dessins de peuples anciens, des dessins semblables à ceux que l'on trouve en Namibie ou au Botswana.
Mais pour nous Tengeru représente le lieu où se trouvent deux centres de recherche agricole. Celui qui nous intéresse est le centre qui s'occupe des arbres fruitiers, le Tanzanian Agriculture Research Institute ou TARI. Plusieurs de ces instituts existent à travers le pays, comme celui d'Ilonga, à cinq kilomètres de Kilosa, qui s'occupe de palmiers à huile et de tournesol.
Nous sommes partis relativement tard de Kilosa, vers Dumila. C'est le carrefour situé sur la route qui va de Morogoro à Dodoma, à mi-distance à peu près entre les deux villes. Si Dar es Salaam est la capitale économique de la Tanzanie, Dodoma en est la capitale administrative. C'est une ville tranquille, agréable avec de nombreux chantiers destinés à abriter les bureaux des Ministères et autres centres d'état. Nous avons donc pu prendre un bus à Dumila qui nous a conduits en bordure du centre ville. De là une moto taxi, le chauffeur et ses deux passagers, vers le quartier nord où se trouvent les cars en partance pour Arusha. Comme le soir tombait, nous avons passé la nuit tout près de la gare routière et sommes partis tôt le matin. C'était une compagnie de cars que je connaissais bien, qui m'avait toujours donné satisfaction. Et qui avait annoncé six heures de route jusqu'à Arusha, nous y étions donc vers une heure de l'après-midi.
En chemin Kimsi a à nouveau pu voir les différents sols de Tanzanie, et à nouveau admettre combien les sols de notre région étaient riches. De grandes portions du trajet étaient inhabitées, des forêts d'arbres peu élevés s'étendant sur des collines au sol sableux, manifestement pauvres en nutriments. Après avoir franchi les collines nous sommes arrivés dans une région habitée d'un peuple qui cultivait la terre et élevait des troupeaux de vaches. Chaque parcelle était labourée grâce à des charrues attelées, soit, mais chaque parcelle devait être fertilisée avec du fumier. Les parcelles où s’élevait déjà le maïs étaient peu denses en plants, la pauvreté du sol ne permettant pas une densité plus élevée.
Une fois à Arusha, restaurés, nous sommes allés à Tengeru.
Le centre donne l'impression d'être désert, mais à réflexion c'est parce qu'il est très étendu et que les bureaux sont éloignés de l'accueil. On nous a conduit vers les serres et y avons examiné les plants que nous voulions nous procurer :
Fruits de la passion géants, ou
barbadines, la taille des fruits tenant dans les deux paumes de la main
une fois jointes à plat
Avocatiers de la variété Hasse,
à peau épaisse et résistante ce qui permet un transport facile
Des pruniers
Des litchis qui sont censés produire
au bout de trois ans
Des jacquiers
Des corossoliers
Des pommes mammey (Mammea americana),
ou encore abricotier des Antilles
Corossolier et pomme mammey
Tout ceci en deux ou trois exemplaires, sauf quatre pour les avocatiers, les passiflores et les pruniers. Nous y avons ajouté de l'origan et un laurier sauce, pour le plaisir. A notre grande déception nous n'y avons trouvé ni pécher ni poirier. Les seules variétés existantes que j'ai trouvées jusqu'ici il y a trois ans à Njombe (sud-est) sont des variétés à petit fruit, dures à croquer et peu juteuses.
Retour en moto à la grand route, les plants chargés sur une autre moto. Dans ce pays l'on échange facilement les numéros de téléphone et nous avions pu contacter le conducteur de l'aller qui est venu avec un de ses collègues.
Nous étions de retour à Arusha vers 4 h et demie ce qui nous a permis de visiter la ville, les vieux bâtiments, et le marché d'artisanat. Ce dernier est tenu par beaucoup de Masaï et recèle les habituels éléphants sculptés, les girafes et autres, ainsi que les bijoux masaï ou les boucles d'oreille importées de Corée. Par rapport aux années 80, la qualité a nettement baissé, et les rares sculptures originales de l'époque ont été copiées de façon rapide et commerciale, parfois jusqu'à la nausée.
Le soir nous avons cherché un car pour Dodoma, mais celui que nous visions, qui allait donc jusqu'à Morogoro et pouvait nous déposer directement à Dumila, était complet. Le matin nous a trouvés dans un autre car, une compagnie qui a mis deux heures et demie de plus que prévu. A trois heures à Dodoma, nous n'avons trouvé qu'un petit car jusqu'à Gairo, A mi-distance, un autre encore plus petit qui n'allait pas jusqu'à Dumila mais nous a laissés dans un petit village sous une pluie battante. Un autre enfin jusqu'à Dumila, après avoir essuyé une forte pluie en chemin. Bref nous y avons passé la nuit et sommes arrivés vers onze heures à Kilosa. Et le soir donc à Chabima.
Quatre jours et demi de voyage sans interruption ! Mais cela en valait la peine.