Samedi 16 mars nous sommes partis, Kimsi et moi pour l'Ouest du pays, à Uyole, en vue de visiter l'Institut de recherche agricole de Uyole : Tanzanian Agriculture Research Institute soit TARI.
Nous sommes partis tôt le matin pour arriver le plus tôt possible à Mikumi, où nous pourrions prendre un car jusqu'à Mbeya, la capitole éponyme de la région, à six cents kilomètres de là. Mais le sort a voulu que nous ne prenions le car depuis Kilosa qu'à onze heures, pour arriver à quatre heures de l'après-midi, un trajet de 75 kilomètres. Nous avons trouvé un car qui nous a déposés à Mbeya à 2 heures du matin.
Le lendemain étant un dimanche, nous sommes allés voir un ami de longue date qui habite à côté de la météorite de Ndolezi, l'une des plus grosses de la planète découvertes à ce jour.
C'est une météorite découverte par les scientifiques en 1930 mais connue depuis longtemps par les gens du pays qui la considéraient comme un lieu sacré.
Elle mesure 1 m 63 sur 1 m 22 en moyenne et son poids est estimé à 16 tonnes.
A l'origine celui qui l'a découvert, en heurtant la pierre avec sa houe en a utilisé une petite section pour se forger des outils en fer mais les Anciens l'ont persuadé de la garder telle quelle et de la respecter en tant que lieu sacré. Par la suite elle fut dégagée de sa gangue de terre, la laissant sur ce socle que l'on peut voir sur la photo. Ce socle a été recouvert de petites tuiles pour le préserver de l'érosion par la pluie.
A "l'avant", côté sud, on peut voir des entailles qui sont la conséquence de prélèvements d'échantillons afin de l'analyser, et aussi de prélèvements clandestins pour la revente. La météorite est depuis gardée par la famille qui habite à côté. L'accès était libre jusqu'en 2014 puis a été construite une petite guérite donnant des explications en swahili et en anglais, une barrière a été érigée ainsi qu'un petit musée où l'on paye le droit d'entrée.
Le musée est intéressant et clairement expliqué, donnant des détails aussi sur les curiosités de la région comme des parois ornées, des poteries, des fours à métaux traditionnels ou des ornements.
En 2022 le gouvernement a voulu étendre le lieu touristique en chassant les habitants alentour mais il a dû abandonner devant la résistance des villageois.
C'est donc avec plaisir que j'ai retrouvé mon ami Musa, sa femme, ses enfants et sa mère, une femme posée et douce.
La météorite est constituée à 90 % de fer, nous avons donc pu sentir le magnétisme qui s'en dégageait. Les autres éléments sont le nickel à 8%, le reste étant composé de cuivre, de soufre et de phosphore.
La météorite de Mbozi, de 16 tonnes, composée principalement de fer
Quelques vues des maisons à Ndolezi. Les fenêtres sont prévues
mais obstruées de briques en attendant d'avoir les moyens de terminer
l'huisserie. A droite la partie ancienne.
De Mbeya au district de Mbozi nous avons pu observer des champs où se pratiquaient des essais de différentes variétés de maïs. Ceux-ci sont plantés en ligne, à moins d'un pied l'un de l'autre. La tradition est de planter en poquet de deux à trois plants à une distance de deux pieds, afin d'équilibrer le ratio entre l'effort fourni et la fertilité du sol. Un pied équivaut à 30 cm environ.
Des parcelles d'essais
Les sols de Chabima, cependant, permettraient un espacement plus réduit tant ils sont fertiles, et les champs sont semés en alternance avec du haricot qui permet d'apporter de l'azote. Kimsi a donc résolu de faire des essais avec un seul plant par alvéole l'année prochaine.
L'Institut de recherche agricole de Uyole se trouve dans une impressionnante superficie de terrains où l'on trouve aussi des centres de formation universitaire ou technique..
Nous y sommes allés en taxi moto et avons rencontré les responsables du projet d'arbres fruitiers. Sur l'une des stations se déroulent des essais de palmiers à huile, mais en fait, malgré ce que l'on m'avait dit au téléphone, il n'y avait pas de plants de poiriers, de pêchers ou de pruniers prêts. Un des membres du personnel, du nom de Shekola, nous a cependant informés qu'elle avait des plants chez elle. Nous y sommes donc allés, dans une banlieue relativement cossue de Uyole, une grande propriété où elle élève des porcs.
Elevage de porcs
Dans le jardin elle nous a montré ses plants de pêchers, nous en avons acquis une douzaine. Les pruniers et les poiriers étaient malheureusement complètement desséchés.
Nous sommes donc rentrés le jour même à Iringa, plutôt contents de faire le trajet de jour : les forêts de pins de Iringa, les gorges de la Ruaha, la descente vers ces gorges, impressionnante par ses lacets.
La descente vers la Ruaha. La forêt, très verte et dense en cette saison, est en fait décidue. En saison sèche, on ne voit que des arbres sans feuilles.
Nous avons dormi à Iringa, une ville très accueillante, avec des habitants aimables et donnant volontiers des renseignements d'une manière affable.
Le lendemain nous avons pris un car à cinq heures du matin, pensant être vers dix heures à Morogoro. Mais dans les gorges nous avons eu l'inévitable éclatement de pneu, un pneu usé jusqu'à la corde, et non moins inévitablement le car n'avait pas de roue de secours.
Eclatement de pneu puis remontage d'une route apportée par un autre car. En premier plan des morceaux de calcite mis en vente, "pour la décoration" à ce qu'on m'a dit
Nous sommes ainsi arrivés à midi à Morogoro, et après avoir vu la fille de Kimsi qui est en apprentissage de couture là-bas puis nous sommes retournés à Kilosa. J'ai déposé Kimsi chez lui, à la tombée de la nuit, et comme il avait plu le sentier jusqu'à Chole était particulièrement glissant, je suis tombé six fois en cours de route !
Un beau voyage, riche d'enseignements.