Visite à Maguru septembre 2024

Historique du village

Dans les années 80, lors du projet de légumes et de pépinières d'agrumes et de manguiers dont le siège était à l'Université d'Agriculture de Morogoro nous avions eu deux stagiaires provenant du village de Mwasa. L'un d'entre eux s'est évaporé par la suite mais je suis longtemps resté en contact avec l'un d'entre eux, dit Matata. Nous y avions installé une pépinière de citronniers que l'on a greffés par la suite en orangers. Matata a toujours ses orangers dans un champ, près de la rivière Mkondoa. Les autres orangers du village avaient été plantés sur la berge, en hauteur, et par la suite j'ai pu voir les pieds disparaître les uns après les autres, emportés en même temps que la rive sableuse.

La rivière Mkondoa est en effet sujette à de très fortes crues, prenant sa source dans les Monts Usagara beaucoup plus haut en altitude. Elle se réduit à un mince filet d'eau que l'on traverse en se mouillant à peine les chevilles en saison sèche. En saison des pluies on peut avoir de l'eau jusqu'à la taille. Sa largeur varie de cinq mètres à quarante mètres de large dans les années moyennes.

Dans les années 80 il n'était pas possible de se rendre de Kilosa à Mwasa en voiture. Je laissais la voiture, un 4x4 pourtant, à Kilosa et prenais le train jusqu'à Mwasa. Le train, comme maintenant encore, n'a pas d'emploi du temps très stable et j'avais donc obtenu l'autorisation de voyager avec les trains de marchandise. Dans les wagons à moitié pleins de sacs en tout genre, quelquefois avec d'autres passagers qui payaient leur voyage directement au mécanicien. Il m'est arrivé de pouvoir m'installer sur la locomotive, assis sur l'aile, regardant défiler le paysage à la vitesse de trente kilomètres à l'heure. Le train ne pouvait pas s'arrêter à Mwasa, m'expliquaient les mécaniciens, je devais donc profiter de la côte qui ralentissait encore plus le convoi pour sauter en marche.

Le village de Maguru

A cette époque Maguru était un hameau de Mwasa. Mais le quartier s'étant développé il est devenu un village avec son maire, élu, son conseil municipal, son policier municipal et son école. Le village de Mwasa était connu pour sa paresse et le peu de volonté de ses habitants de se développer. Mais il y a eu un afflux de personnes venant d'autres régions, comme des Wagogo habitant traditionnellement Dodoma, ce qui a dynamisé les lieux, selon les explications que j'ai obtenues. Le projet a donc été très bien accueilli comme nous allons le voir.

Le village étant situé à 550 mètres d'altitude, seuls les manguiers et les avocatiers pourront être plantés avec succès.

vallée

La carte provient de Gogol Earth. L'image satellite montre la vallée de la Mkondoa dans laquelle on distingue la voie de chemin de fer, ainsi que la ville de Kilosa, en bas à droite, les villages de Mkadege et de Munisagara, et au Nord-ouest celui de Mwasa. Maguru est situé à l’extrémité du village, en amont. Le village de Mzaganza, non indiqué, est à mi-chemin entre Munisagara et Mwasa. Chabima est indiqué en bas de la carte.

Cette carte ne peut servir de preuve en cas de conflit de territoire.

vallée

La vallée vue de Mzaganza, avec au fond le village de Mwasa. Sur la rive gauche apparaissent les champs d'oignons. On voit le lit de la rivière, bas à cette époque. La vieille voie de chemin de fer est en contrebas, rive droite, ainsi que la route.

J'avais pris contact avec les chefs de village (ou maires), celui de Maguru m'avait enjoint de venir à n'importe quelle heure le jour qui me convenait. Celui de Mwasa a trouvé le projet intéressant et m'a assuré en parler à son secrétaire, ils allaient me recontacter le lendemain. Je n'ai en fait pas eu de nouvelles, je suis donc allé à Maguru le jeudi après-midi. Une heure suffit pour rejoindre le village, à trente kilomètres de Kilosa à peu près.

Mon ami Sudi et moi avons rencontré le chef de village, Madanganyo. Affable, intéressé, il a promis de contacter les membres du conseil pour le lendemain matin. La soirée s'est donc passée à visiter le village, se promener jusqu'à l'école, aller voir des hommes en train de fabriquer des briques. Le soir des personnes se sont rassemblées chez Sudi pour voir le match de foot à la télé, et nous étions une trentaine dans la pièce au bout d'une dizaine de minutes.

maison de Sudi maison de Sudi

Sudi devant sa maison, apportant des canisses pour son grenier à oignons. A gauche le responsable de la sécurité, avec le chef de village. Deux conseillers à droite

Comme le chef de Mwasa ne m'avait pas recontacté je n'ai pas jugé utile de le faire. Je n'allais pas supplier d'accepter ce projet comme j'avais l'impression de le faire à Chabima. Nous sommes donc allés le matin au bureau du village, où se tenait déjà une réunion avec des gens qui semblaient se plaindre d'une escroquerie. On m'a invité à m'asseoir mais les plaidoiries s'éternisaient, je me suis éclipsé - Sudi l'avait déjà fait, prétextant des affaires ailleurs. Revenu à la maison j'ai expliqué à Sudi le projet, lui ai détaillé les documents que j'avais apportés comme la liste des arbres et le système de reçus. Il a alors appelé un neveu à qui j'ai tout réexpliqué et j'ai parlé de partir. C'est alors que l'on est venu nous chercher pour aller au bureau du village, qui nous attendait.

Il y avait le responsable de la sécurité, le chef de village, et quatre conseillers. Ils m'ont écouté, me connaissant déjà tous puisque j'avais travaillé dans le village autrefois, ou avaient entendu parler de moi. J'ai donc été rapide dans l'introduction et ai expliqué les documents.

Comme je l'ai écrit le village a accueilli de nouveaux arrivants, tous enthousiastes à l'idée d'avoir des arbres fruitiers. Certains ont même ajouté à voix basse, en substance, qu'à ce prix les arbres étaient donnés, qu'ils avaient vraiment de la chance. Je ne peux m'empêcher de comparer au village de Chabima où les autorités, au contraire, ont plutôt cherché à freiner le projet et à m'empêcher de m'installer au village. Les uns et les autres ont parlé de divulguer le projet, même jusqu'à Kidete, à sept kilomètres de là vers le nord-ouest. Kidete est une station de chemin de fer, et par la route on peut rejoindre Mpwapwa et Gairo, qui est située sur la route goudronnée qui conduit à Dodoma.

Bref une réunion motivante, des autorités villageoises soucieuses de développer leur région, et la certitude de pouvoir compter sur quelques personnes qui vont centraliser les commandes.

Une région d'oignons

Cette vallée est connue pour produire des oignons en grande quantité. Il s'agit en fait de leur culture de rente principale, alors que le village de Chabima compte sur les haricots. Les oignons sont cultivés en culture irriguée, l'eau provenant de la Mkondoa par gravité ou grâce à des pompes. A cette époque les oignons sont en passe d'être récoltés, les agriculteurs ayant planté tôt revendant déjà leur récolte. Les oignons doivent être mis à sécher dans des greniers avant la mise en sac.

Ce sont des sortes de roseau, dits matete, qui sont utilisés. Ces roseaux sont assez fermes et comportent des sortes d'épine qui rend leur utilisation difficile. Une parcelle infestée de ces roseaux devient vite pénible à cultiver. Ils poussent en grande quantité sur les rives.

feux feux

Une parcelle d'oignons.                                                                            A droite la construction d'un grenier.

feux feux

Des canisses utilisées pour l'ensemble de la construction, hormis les poteaux de soutien et la faîtière.                       Au fond, en rouge, des sacs d'oignon          attendant un camion. Les ânes sont fréquemment utilisés dans les petits chemins.

Réfection du pont de Chole

Le pont est maintenant terminé, il ne reste qu'à le laisser sécher et à enlever les étais qui contiennent le béton.

  Pont de CholePont de CholePont de Chole Pont de Chole Pont de CholePont de Chole

Le pont sèche, il faut l'arroser matin et soir pour que le béton ne se craquelle pas. L'escalier permettant l'accès à la rivière a été nettoyé.

Réfection du passage sur la Mlolwa

Le radier est en cours de destruction, nous avons envisagé un pont à deux arches à la place.

Pont de Chole Pont de CholePont de Chole

Galerie

La ligne de chemin de fer

Il y a donc maintenant deux lignes de chemin de fer, la ligne ancienne et la nouvelle ligne électrique. Cette dernière est protégée par des grillages.

traintrain train train

Il fallait autrefois passer en moto d'un côté et de l'autre de la voie de chemin de fer et longer les rails. Les passages obligeaient souvent à descendre de moto pour la pousser. La route longe maintenant la voie avec des passages à niveau ça et là. Les crues de la Mkondoa avaient en fait gravement endommagé la ligne il y a quelques années, ce qui a fait envisager une nouvelle ligne, située plus en hauteur sur les collines.

train

La nouvelle ligne comportent de nombreux ponts et tunnels.